Laboratoire de l’écrivain·e
Espace d’exploration et de discussion sur la création et ses multiples replis
Notre capacité à rêver, à fabuler et à inventer est peut-être une des parts les plus fortes et lumineuses de notre condition humaine. Or, qu’en est-il du travail qui s’impose à nous dans l’élaboration d’un monde de langage, qu’il soit poétique, narratif, dramatique, discursif ou pictural ? Le Laboratoire souhaite s’attarder à ce labeur et mettre en lumière sa complexité et ses impondérables.
Un espace d’exploration qui s’inscrit dans la durée
Lors de trois moments clés, le Laboratoire tente de saisir et de retenir certains moments de la création grâce à :
Un travail individuel qui se fait à partir d’un thème commun et quelques questions
Chaque année, un thème est transmis aux invité·e·s autour duquel ils et elles auront à travailler pour produire un texte. Chacune et chacun est invité·e à explorer un univers précis et à le dépasser, tout en documentant ce travail de questionnement et de recherche qui est mis au cœur de l’expérience du Laboratoire. Ainsi, un mois avant la journée d’étude, des carnets de notes constitués au fil des semaines par chacune et chacun (ébauche de texte ou notes de travail ou liste de lectures, ou croquis, réflexions, photos, …) sont transmis aux autres pour alimenter les travaux et les questions à venir lors de la journée d’échange.
Une journée d’échange qui permet de poursuivre la réflexion
Un samedi d’octobre, les invités·e·s se réunissent pour une table-ronde en matinée et pour une lecture en après-midi. Ces deux moments se passent devant public. Cette journée permet de poursuivre le travail de création à partir des questionnements des autres et permet aussi de montrer ce qui a résulté du travail individuel autour du thème commun. Cette journée devient chaque fois un moment privilégié où prend forme pour quelques heures une véritable communauté d’artistes, d’écrivaines et d’écrivains discutant de création.
Ultérieurement, une publication
Après quelques mois, un dossier est constitué avec les textes élaborés par ce laboratoire de création. La forme que prennent ces textes est variée et parfois présente une part de réflexion et une part de fiction. Une belle entente avec la revue Les écrits a été établie dès le premier Laboratoire en 2017 et se concrétise par la publication du dossier, un an après la journée d’échange.
Une multidisciplinarité devenue essentielle
Dès la deuxième édition, le Laboratoire s’est adjoint la participation d’une artiste en arts visuels. Nourrie par le même thème, cette collaboration d’une autre discipline, avec ses formes et son vocabulaire, a permis d’élargir les échanges et de faire porter la discussion au-delà du travail de l’écriture et de la langue. Le souhait du Laboratoire est désormais de s’aventurer vers d’autres disciplines telles la danse, la musique, par exemple, mais aussi l’architecture, la biologie, l’anthropologie, etc. Les thèmes et les questions que nous souhaitons aborder sont infinis; l’angle choisi reste le même, celui de la création.
Des thèmes et des questions
Édition 2024 : Les faits minuscules
Participeront à cette huitième édition :
Le chorégraphe et danseur Alexandre Morin ainsi que les auteur·es Carole David, Eric Dupont, Hélène Laforest, Charles Sagalane.
Ingrid Mourtialon animera les discussions.
Publication du dossier dans Les écrits, numéro 175 (automne 2025)
Édition 2023 : L’atelier comme langages et chaos
On imagine facilement que dans le désordre de l’atelier – celui de l’artiste comme celui de l’écrivain.e – vivent des mondes divers au déploiement infini et en mouvement incessant, un peu comme au fond de l’océan. Ce désordre, semblable en plusieurs points à celui des pensées et des images toujours mobiles en nous (conscientes et inconscientes), respire, palpite dirions-nous, et déclenche d’autres images. Des liens nouveaux se créent, des langages et leur grammaire, des formes ou des intentions.
Participaient à cette 7e édition :
L’artiste Bertrand Carrière et les auteur.e.s Noémie Pomerleau-Cloutier, Nicholas Dawson, Karianne Trudeau Beaunoyer et Myriam Vincent.
La poète et artiste Monique Deland présentera une communication à l’ouverture de cette journée d’échanges et Frédérique Bernier animera les discussions de l’avant-midi.
Publication du dossier dans Les écrits, numéro 172 (automne 2024)
Édition 2022 : La vulnérabilité des territoires
Du territoire aux vulnérabilités et de la vulnérabilité aux territoires, tout est convié par ce thème peu importe le sens par lequel il sera abordé. Les territoires de l’intime et du collectif. Ceux du corps, de l’esprit. Les territoires urbains, ceux des campagnes ou des natures sauvages. Les territoires solitaires, solidaires; de la fiction ou du réel. Les vulnérabilités qui nous brisent, celles qui nous font résister. Mais aussi celles qui nous ouvrent, celles qui nous rendent perméables et malléables, qui nous rendent vivants, tantôt fragiles, tantôt puissants. La vulnérabilité de tout ce qui naît… Les territoires et la vulnérabilité de l’écriture.
Participaient à cette 6e édition :
L’artiste Annie Conceicao-Rivet, la poète Diane Régimbald et les écrivains Michael Delisle, Gérald Gaudet et Sébastien Hamel.
La poète et professeure de philosophie Ingrid Mourtialon (Éleusis) s’est jointe au Laboratoire afin de rédiger un texte synthèse sur la journée et d’aborder le thème à sa façon.
Publication du dossier dans Les écrits, numéro 168 (été 2023).
Édition 2021 : Les jardins
L’image poétique du jardin est un très bel opérateur d’immensité, comme dirait Bachelard. Qu’il soit concret, métaphorique ou rêvé, le jardin nous semble évoquer plusieurs univers entrelacés où les travaux du langage, de l’écriture, des textures, des couleurs et du corps se croisent et s’interpellent. L’incipit du très beau À travers un verger de Philippe Jaccottet nous dit ceci : « Chaque fois que je suis passé, en cette fin d’hiver, devant le verger d’amandiers de la colline, je me suis dit qu’il fallait en retenir la leçon, qu’ils auraient tôt fait de se taire comme chaque année; sans cesse autre chose m’a distrait de cette tâche, de sorte qu’à présent je ne peux plus me fier qu’au souvenir que j’en ai, déjà trop vague, presque effacé, incontrôlable. Néanmoins, je ne me déroberai pas. » Dans ce devoir de mémoire que s’impose le poète, les rêveries l’emporteront, les visions éthérées aussi et des interrogations sur la nature de l’humain devant la vie et devant la mort surgiront pour interroger l’écriture et la création. Le jardin, dans son essence créatrice, est-il seulement vie et mort ? N’est-il pas aussi audace et machination ? Le souvenir du jardin pour Jaccottet est incontrôlable et a une leçon à offrir. Il en a été ainsi des souvenirs, et des jardins.
Participaient à cette 5e édition :
La poète Denise Desautels, l’écrivaine Michèle Plomer, les écrivains Hugo Beauchemin-Lachapelle et Hector Ruiz et l’artiste Alexandre Masino (arts visuels).
Publication du dossier dans Les écrits, numéro 166 (automne 2022).
Danyèle Alain, l’artiste et directrice générale et artistique du centre d’essai en art actuel, le 3e impérial, s’est jointe au Laboratoire afin de rédiger un texte synthèse sur la journée et d’aborder le thème à sa façon.
Édition 2020 : Lire l’autre
Dans son livre Le don des morts, Danielle Sallenave aborde la liberté qu’offre le livre par le biais de son écriture et de sa lecture. Liberté de s’imaginer autre et de faire voyager l’âme, le corps. Elle affirme notamment que la « littérature est la trace, la marque, le témoin, ou peut-être la révélation, que, par-delà l’exigence d’émancipation et d’arrachement, il y a en nous une exigence d’accueil. » Ainsi serions-nous habités par une soif de comprendre, de connaître et de ressentir, soif que nous tentons parfois d’étancher par la lecture. Nous consentons à recevoir quelque chose du dehors, nous exigeons que le monde entre en nous. Lire est une action complexe qui permet cet accueil. Sa racine étymologique nous rappelle que lire est un acte qui offre de rassembler, de cueillir, de choisir. D’entrer dans l’intelligence du monde en l’observant avec notre sensibilité, notre part d’imaginaire, notre capacité de jugement et, bien sûr, notre langue.
Participaient à cette 4e édition :
Les poètes Martine Audet, Caroline Louisseize et Rodney Saint-Éloi, l’écrivaine Olga Duhamel et l’artiste Guillaume Boudrias pour La Famille Plouffe.
Publication du dossier dans Les écrits, no 163 (automne 2021).
Étienne Maillé, libraire à la librairie Alire, s’est joint au Laboratoire afin de rédiger un texte synthèse sur la journée et d’aborder le thème à sa façon.
Édition 2019 : L’architecture et ses pluriels
Le poète catalan Antoni Clapés propose, dans son beau recueil intitulé L’architecture de la lumière, d’« habiter le seuil même de la parole / là où la lumière / est invisible où tout devient visible ». Ses poèmes nous proposent de considérer la parole et la langue comme un espace à habiter, à construire, à reconnaître, à appréhender à partir de son seuil. À la fois maison première où nous nous sommes construits et maison nouvelle à inventer. La notion d’architecture intéresse pour son potentiel de sens et ses ramifications plurielles, concrètes et abstraites : l’architecture des volumes et des formes, mais l’architecture des émotions et des sensations, par exemple; l’architecture souterraine où la nature prépare ses irruptions, mais l’architecture du récit et ses dérives; l’architecture de nos parcours singuliers comme humain fabriqué de tensions et de poids divers. Les notions de construction et d’équilibre ont surgi dans cet espace ouvert et riche en images.
Participaient à cette 3e édition :
L’artiste Isabelle Choinière (danse), l’écrivaine Fanie Demeule, la conteuse Catherine Perlioz et les écrivains Jonathan Charrette, David Clerson et Gilles Jobidon.
Publication du dossier dans Les écrits, numéro 159 (automne 2020).
Édition 2018 : La fabrication d’un personnage
Qu’il s’agisse d’œuvres littéraires ou d’arts visuels, quelque chose de notre conscience humaine prend forme et s’anime dans la création. D’où viennent les personnages ? De quelle manière prennent-ils vie ? Qu’en est-il quand il s’agit de construire une conscience et qu’il faut évoquer ce qui traverse cet esprit et ce corps élaborés de toutes pièces ? Quels matériaux, quels éléments font tenir debout cet homme ou cette femme dans son histoire inventée ? Des descriptions complexes de leur apparence et de leurs moindres gestes ? Un accès direct à leur pensée ? Le thème de ce Laboratoire s’est tourné vers les intentions qui animent ces personnages, êtres de langage et de papier.
Participaient à cette 2e édition :
L’artiste Brigite Normandin (arts visuels), la poète Louise Dupré, l’auteure de théâtre Hélène Ducharme et les écrivains Mathieu Blais, Nicolas Chalifour et Sébastien Dulude.
Publication du dossier dans Les écrits, numéro 156 (automne 2019).
Édition 2017 : La lumière
La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil, mots de René Char souvent cités, évoquent l’écriture elle-même qui œuvre à révéler et à s’approcher toujours plus près d’une conscience aigüe du monde. Quand on examine la racine étymologique du mot lumière, on nous propose en effet, dans son cousinage immédiat, le terme lucidité, mais également ceux-ci : leuk : être lumineux, éclairer, blanc; lucifer (ange rebelle porteur-de-lumière); lucubrare : travailler à la lumière de la lampe et, bien sûr, elucubrare : composer à force de veille, puis; elucidare : révéler. C’est sur cette piste et dans cet espace ouvert et potentiellement riche en images que le travail s’est amorcé.
Participaient à cette première édition :
Katia Belkhodja, Jean-Marc Desgent, Christian Guay-Poliquin, Mathieu Leroux, Catherine Mavrikakis et Jennifer Tremblay.
Publication du dossier dans Les écrits, numéro 153 (automne 2018).
Le Laboratoire de l’écrivaine et de l’écrivain a été conçu et est piloté par Valérie Carreau et France Mongeau, avec l’étroite complicité de Marie-Claude De Souza des Productions Langues pendues qui produisent l’événement depuis 2017. De 2017 à 2021, les samedis littéraires ont été animés par Shanti Van Dun, écrivaine et professeure de littérature au collégial.